En marge des combats se produisirent de nombreux actes de violence n'ayant pas de rapport direct avec la guerre. L'action directe liée à l'esprit révolutionnaire, la «Terreur rouge», suscita rapidement une contre-réaction, la «Terreur blanche».

 

Les exécutions, souvent sommaires, signifièrent aussi la mort de personnes qui n'avaient pas participé à des actes de violence. De plus, le pouvoir gouvernemental tenant à examiner méticuleusement le cas des participants à la révolte et à les condamner, les Rouges se retrouvèrent à attendre une décision sur leur sort dans des camps de prisonniers aux conditions précaires dans lesquels beaucoup moururent de faim et de maladie. Ces faits subséquents à la guerre restèrent ancrés dans les esprits plus durablement que la guerre elle-même et ses causes.

L'opinion se cristallisa à la fin de mars au Grand Quartier Général que, pour éviter un entassement des prisonniers, la justice devait être rendue rapidement. Le commandant en chef avança au Sénat l'instauration de tribunaux de campagne afin d'accélérer les choses, l'idée étant d'y juger les pires criminels pour les exécuter et de faire rentrer les grandes masses dans leurs foyers. Mannerheim était «enclin à libérer et laisser rentrer chez eux les prisonniers rouges qui avaient reçu des avis favorables de la part de leur région et tout particulièrement ceux que l'on pourrait considérer comme ayant été forcés à participer à la révolte». Cette proposition se justifiait également sur n plan pratique. Les troupes ne suffisaient pas pour garder les prisonniers, car on avait besoin d'elles sur le front. D'autre part, Mannerheim pensait déjà à la faculté d'unification de la Finlande, la meilleure frontière stratégique de l'Etat étant son unité. Il soulignait l'importance de construire un pont entre les deux fractions de la nation une fois les combats terminés.

Le Sénat, installé à Vaasa, partait du principe que les révoltés devaient être jugés en vertu du code pénal général, et dans le cas de crimes contre l'Etat en cour d'appel. Pour des raisons pratiques, notamment le grand nombre des prisonniers, on aboutit cependant à décider l'instauration de cours de justice spéciales pour crimes contre l'Etat. Le jugement des prisonniers rouges revêtait une telle importance pour l'ensemble de la nation qu'il se devait d'avoir lieu dans le cadre de procès aussi normaux que possible. Le Sénat craignait, à juste titre, que si l'on n'engageait pas rapidement les procès la pression conduise à des exécutions sans jugement. Car la dite Terreur blanche avait déjà commencé. Lorsque les autorités policières du Grand Quartier Général avancèrent la proposition de tribunaux expéditifs, Mannerheim répondit : « Le sang a suffisamment coulé. Je ne veux pas porter le titre de bourreau de Finlande ». Alors que le chef de la sécurité des zones conquises, Rudolf Walden, lui proposa à Helsinki le 8 mai la mise en place de tribunaux de campagne et la libération des prisonniers, le gouvernement continua d'estimer que les jugements et les enquêtes devaient se dérouler dans la légalité. La loi sur la justice de la criminalité de guerre fut approuvée à la fin de mai. Les motifs de sanction étaient ceux des dispositions du code pénal sur la traîtrise à l'égard de l'Etat, pour les meneurs la trahison.

Après la reddition des armées rouges au tournant d'avril-mai, les Rouges furent regroupés dans des camps de prisonniers gardés par des soldats. Les plus grands de ces camps furent ceux de Hämeenlinna, Viipuri, Helsinki, Tampere, Riihimäki. Kotka et Lahti, le plus connu par la suite étant celui de Tammisaari. A l'issue de la guerre, les Blancs gardèrent ainsi plus de 80 000 prisonniers. Un partie de ces prisonniers étant libérés immédiatement, ils étaient 74 000 au début de juin. Puis leur nombre diminua rapidement à la fin de l'été : 71 000 le 1er juillet, 41 000 le 1er août et 27 000 le 1er septembre. Le Sénat adopta pour ligne de conduite que tous les Rouges soient jugés devant des tribunaux légaux et sanctionnés de peines conformes à la loi. Le prolongement des enquêtes entraîna cependant que de nombreux Rouges, dans l'exiguïté de ces camps et mal nourris, furent victimes de la maladie, environ 12 500 d'entre eux mourant dans les camps jusqu'au printemps 1919.

 

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