De passage à Antrea, dans l'isthme de Carélie, le 23 janvier 1918, au cours de la Guerre d'Indépendance, Mannerheim fit une déclaration dans laquelle il jurait qu'il ne rengainerait pas son épée dans son fourreau tant que « le dernier soldat et houligan de Lénine » n'aura pas été chassé aussi bien de Finlande que de Carélie orientale.
Cette déclaration enthousiasma les adeptes de la fraternité ethnique. Une délégation en provenance de Joensuu et de Sortavala obtint le soutien tant du Sénat que du commandant en chef pour ses plans en vue de dépêcher des expéditions libérer la Carélie de la mer Blanche. Mannerheim élargit même le projet pour lui faire englober aussi la Carélie de l'Olonets.
La déclaration prêta d'un autre côté également à critique. On estima qu'elle avait été prononcée en l'absence de ressources suffisantes et à un moment inopportun. La question de la Carélie orientale deviendrait un enjeu de grande politique avant que les Finlandais y aient une influence réelle.
Lorsque au début de la Guerre de Continuation on se prépara à faire attaquer l'armée de Carélie en direction du Ladoga et du cours du Svir, Mannerheim émit l'ordre du jour n° 4 du commandant en chef, dans lequel il se référait à sa promesse de chasser les bolcheviks de Carélie blanche et promettait aux peuples de Carélie la liberté et à la Finlande un grand avenir. Il rapportait en outre que dans les rangs de l'armée finlandaise marchaient les propres bataillons des Caréliens, faisant par-là allusion aux dits bataillons frères constitués en Finlande.
Mannerheim considérait que sa déclaration était conforme aux idées de la direction de l'Etat et reflétait une opinion relativement répandue. Cet ordre du jour, dont la formulation laissait transparaître une aspiration à une expansion territoriale de la Finlande, pour constituer une Grande Finlande, éveilla une attention - également négative - dans les milieux politiques finlandais comme dans le reste du monde. Le gouvernement estima cette déclaration trop osée et s'employa par la diplomatie à en adoucir le ton, tout en ne le récusant pas pour autant.
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